Chaque année, le gouvernement et l’office de tourisme cubains organisent une grande foire internationale du tourisme (la Feria international del Turismo), à laquelle sont conviés de nombreux voyagistes et médias de plusieurs pays. Mon travail (journaliste de tourisme) m’a donc permis d’y participer à plusieurs reprises et chaque fois, j’ai l’impression de me retrouver dans une version cubaine du film La Grande Séduction !
Comme le tourisme occupe une place cruciale dans ce pays, les Cubains misent beaucoup sur cette foire et en profitent pour déployer une véritable opération de charme… à l’échelle de tout le pays ou presque. Parfois, ils choisissent de nous montrer les villes coloniales, les stations balnéaires ou l’agrotourisme; mais chaque fois, ce sont de véritables scénarios qui se mettent en place, avec des centaines de figurants de tous les âges…
A elle seule, notre caravane de journalistes forme un véritable convoi de quatre ou cinq autobus, généralement escortés par des policiers qui ouvrent et ferment la marche. Sur les petites routes de campagne, impossible de passer inaperçus ! C’est tout juste si les paysans ne tombent pas en bas de leurs vélos ou de leurs chars à boeufs… Et soudain, notre caravane entre dans une ville, en apparence un peu endormie. En apparence seulement… Car dès que les autobus s’immobilisent et que le maire de la ville nous a souhaité la bienvenue, roulement de tambours ! Comme si le gars des vues venait de cliquer des doigts, la fanfare de la ville commence à parader autour de la place principale, les troupes de jeunes danseurs surgissent d’on ne sait où, et même les aînés se mettent à danser sur la place… Ce jour-là, dans la petite ville de Remedios, on aurait cru que tous les habitants avaient été mobilisés . Mais tous semblaient y prendre un grand plaisir, heureux et flattés d’être pris en photos par des dizaines de journalistes étrangers. D’ailleurs, ils ont aussi recréé pour nous leurs célèbres fêtes du 24 décembre, au cours desquelles les quartiers de la ville s’affrontent pour élire les plus belles parades, costumes, chars allégoriques, etc.
Dans la ville de Bayamo, on avait plutôt choisi de mobiliser tous les chevaux et palefreniers, pour nous accueillir avec un cortège de 40 calèches… Et c’est donc ainsi que nous avons défilé dans les rues de la ville, à la queue leu leu, salués par des hordes de gens massés le long des trottoirs. Une scène d’autant plus surréaliste qu’il était 10 heures du soir, et qu’on n’y voyait presque rien !
Bien sûr, tous ces scénarios sont orchestrés par le gars des vues (avec brio, tout de même… ). Mais chaque année, je demeure abasourdie par le niveau d’enthousiasme et l’énergie déployée par les Cubains. Ce qui me rassure ? L’étrange impression que notre groupe de « kids kodak » leur offre aussi quelques scènes bien cocasses… De jeunes japonaises qui font leurs premiers pas de salsa, des Argentins et des Italiens qui se précipitent pour les initier, des Allemands et des Russes qui s’essaient à parler espagnol après quelques mojitos, et des Canadiens, bien sûr, si pressés de voir le soleil qu’ils bronzent comme des crèmes glacées napolitaines… Oui, j’ai la quasi-certitude que, chaque année, notre étrange caravane donne aussi aux Cubains de quoi faire le plein de fous rires et d’histoires à se raconter…
Voyez aussi mes autres sujets sur Cuba:
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https://nathaliedegrandmont.com/2017/02/17/astuces-10-bons-plans-pour-decouvrir-cuba/
https://nathaliedegrandmont.com/2016/01/30/cuba-tresors-des-cayos/