Nul doute, la Haute-Mauricie est le royaume de la pêche et de la forêt, avec le riche patrimoine et tous les plaisirs qui vont avec ! Des histoires de draveurs aux traditions autochtones, en passant par la cueillette de champignons et les pourvoiries légendaires; ce ne sont pas les occasions qui manquent pour aller s’y perdre dans les bois!
Une arrivée, en beauté :
Tout d’abord, la route qui mène en Haute-Mauricie – la 155 – est l’une des plus belles du Québec. Et, comme le ferait une bande-annonce au cinéma, elle nous révèle quelques-uns des atouts qui nous attendent ici, dans cette région où la nature est encore assez sauvage. Pendant une centaine de kilomètres (entre Grand-Mère et La Tuque), cette route longe la majestueuse rivière Saint-Maurice qui, jusqu’en 1995, servait à acheminer les billes de bois jusqu’aux papetières de la région. À l’époque où les trappeurs et traiteurs de la Nouvelle-France sillonnaient cette rivière, le repère le plus reconnu du secteur était une montagne rocheuse plutôt pelée; ce qui a inspiré le nom de La Tuque. Aujourd’hui, cette municipalité est l’une des plus étendue du Québec, à tel point que son territoire est presque aussi vaste que la Belgique ! Et une grande partie est recouverte de lacs et de rivières…
C’est donc tout à fait logique que le bureau d’information touristique, situé dans l’ancienne gare de train, nous accueille avec une exposition (gratuite) intitulée « Histoires de pêche, d’hier à aujourd’hui ». Dans le bâtiment voisin, des vidéos nous présentent aussi des pêcheurs de la région (dont des femmes !), qui nous donnent bien envie de mettre nos lignes à l’eau, nous aussi…
Parc des chutes-de-la-petite-rivière-Bostonnais :
A mi-chemin entre Shawinigan et la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, la Haute-Mauricie doit beaucoup de son histoire et de son développement aux nombreuses forêts et rivières qui parsèment le territoire. Si les forêts ont vu défiler des générations de trappeurs et de bûcherons, les rivières, elles, ont accueilli plusieurs générations de draveurs, qui permettaient d’acheminer le bois jusqu’aux moulins. Et tout ce patrimoine est bien mis en valeur au Parc des chutes-de-la-petite-rivière-Bostonnais. Outre ses aires de pique-nique très agréables, le parc compte plusieurs pavillons d’interprétation, qui nous présentent la faune de la région, l’histoire de la drave et de la traite des fourrures, de même que l’enfance et les sources d’inspiration du chanteur Félix Leclerc, qui a grandi à La Tuque. Quant aux sentiers pédestres, ils nous mènent vers la tour d’observation (beau point de vue sur la rivière !) et vers cette belle chute, qui cascade à travers plusieurs paliers. (Note : Par contre, il se peut que les pavillons d’interprétation ouvrent plus tardivement, cet été)
Rencontres avec les Attikamecs :
Si La Tuque vit en constante relation avec la forêt, c’est encore plus vrai pour les Attikamecs, qui sont très nombreux en Haute-Mauricie. La région englobe trois réserves (Coucoucache, Obedjiwan et Wemotaci), ce qui représente plus de 3 200 Attikameks (selon des données de 2016). Plusieurs de leurs villages sont dispersés sur le territoire voisin mais ne sont pas toujours faciles d’accès. Heureusement, le Centre Sakihikan, à La Tuque, nous permet d’aller à leur rencontre, en quelque sorte. Car on y présente différents ateliers et expositions temporaires, qui mettent en valeur la culture des Premières Nations. L’an dernier, ils ont aussi inauguré une expérience de réalité virtuelle, qui nous donne un aperçu des fameux pow-wow qui se déroulent dans la communauté. On enfile des lunettes et, grâce à des images 3D et quelques effets très efficaces, voilà qu’on se retrouve « transportés » au beau milieu du Pow-Wow de Wemotaci : complètement subjugués par les rythmes des tambours, l’enthousiasme des chanteurs et des danseurs. Normalement, si toutes les conditions le permettent, le Centre Sakihikan devrait aussi proposer un spectacle son et lumières, projeté sur le Lac Saint-Louis, à partir de 20h30. Une autre façon, plus poétique encore, de découvrir la spiritualité et les différentes saisons, chères aux Attikamecs.
Découvrir les champignons forestiers :
A partir de La Tuque, on peut découvrir la région en voiture (ou en moto), grâce à 4 belles routes, très panoramiques. Parmi elles, il y a notamment le circuit des ponts couverts de La Bostonnais et la route du Lac-Édouard, que les locaux nous conseillent avec un petit sourire en coin, en la qualifiant de « montagnes russes »… En effet, comme cette route a été asphaltée sans être aplanie, elle épouse les multiples courbes et dénivellations naturelles du paysage; ce qui entraîne une ribambelle d’émois et de sensations (avis à ceux qui ont le mal des transports !). Mais la destination est aussi surprenante que le trajet ! Car Lac-Edouard est un village charmant, dont les habitants défendent la vitalité avec détermination. La preuve : son magasin général, qui est devenu une coopérative des plus dynamiques et une vitrine pour tous les produits de la région.
Un coin de rue plus loin, la boutique Les Coffrets de Lorraine ne passe pas inaperçue, elle non plus. Amoureuse de son coin de pays, Lorraine Hallé nous y présente ses deux passions : les capteurs de rêves et la mycologie, De juin à octobre, elle propose aussi des ateliers sur l’un et l’autre, à tour de rôle. J’ai eu la chance d’assister à son atelier sur les champignons sauvages, et j’y ai appris une foule de choses ! Dans un premier temps, on apprend à les identifier, les trier et les faire sécher, avec quelques astuces de cuisine au passage. Puis, on part avec Lorraine en forêt, pour tester nos connaissances et cueillir de beaux spécimens. Très agréable et enrichissant, quels que soient nos résultats !
La sainte paix, à la Seigneurie du Triton :
Chose certaine, un séjour au Lac-Edouard nous donne le goût d’aller encore plus loin dans le fond des bois… Et ça tombe bien, étant donné que ce village est justement le point de départ pour se rendre à la Seigneurie du Triton : une superbe pourvoirie 5 étoiles, qui n’est accessible que par bateau… Rassurez-vous : on vient vous chercher au stationnement, après avoir convenu d’un rendez-vous par téléphone. Et, dès qu’on met le pied sur ce ponton, l’aventure commence ! En plus d’être agréable, cette arrivée en bateau nous permet de décrocher encore plus ! On zigzague au milieu des hautes herbes, on fait décoller quelques hérons et oiseaux de proie au passage puis, soudain, on aperçoit finalement cet ancien club de chasse et de pêche privé, qui a vu défiler tellement d’hommes d’affaires canadiens et américains, au 19ème siècle. D’ailleurs, le bâtiment principal renferme plusieurs meubles, des trophées de chasse et des photos de cette époque; si bien qu’on a l’impression d’y prendre l’apéro en compagnie de Franklin D. Roosevelt, Winston Churchill, John Molson et plusieurs autres.
Mais, à part l’apéro et les repas (lorsqu’on les prend à la salle à manger), c’est dehors qu’on prend pleinement la mesure de cet endroit ! Après avoir pris possession de notre chalet (très dispersés autour des lacs), on peut lire sur les parterres, se baigner, se promener dans les sentiers ou renouer avec le plaisir du pédalo… Le midi, la pourvoirie organise souvent des repas sur la grève (shore-lunchs), alors qu’en soirée, on se rassemble autour du feu, pour écouter des légendes, par exemple. Et, bien sûr, il y a aussi de nombreux lacs, pour aller taquiner le poisson en toute tranquillité. Si la pêche est bonne, le chef peut même apprêter nos prises, le soir venu !
Chose certaine, du lever au coucher du soleil, il y a de quoi y trouver notre petit bonheur : sur terre et surtout, sur l’eau. Personnellement, j’avais loué une petite embarcation à moteur, pour le plaisir d’aller explorer ces lacs et ces petites baies, avec mon amoureux. Déjà, au bout d’une heure, le charme commençait à opérer… Comme je me sentais loin et à l’abri, tout d’un coup ! J’appréciais ces précieux moments d’intimité et de calme, au coeur d’une nature (presque) sauvage…. Et, au milieu des clapotis et du chant des huards, une petite voix me murmurait : « oui, ce doit être ça la « sainte paix ! »
Informations pratiques:
Suggestions d’hébergement : Camping La Tuque www.campingunion.com
Hôtel Marineau: très confortable et abordable. http://www.hotelsmarineau.com
Seigneurie du Triton: Cet été, ils ont une foule de forfaits variés (pêche, gastronomique, etc.) http://www.seigneuriedutriton.com/
Adresses gourmandes : Le Boké : un restaurant familial, réputé pour ses viandes et ses plats originaux. www.leboke.ca
La microbrasserie La Pécheresse : un endroit sympathique, pour aller goûter une dizaine de bières, régulières et saisonnières, qui s’inspirent beaucoup de la région. www.lapecheresse.com
Pour d’autres informations touristiques : www.tourismehautemauricie.com
Pour préparer vos voyages au Québec : Procurez-vous la dernière édition du guide « Le Québec : le plaisir de mieux voyager » publié par les Guides de voyages Ulysse. Les guides sont disponibles dans les librairies, de même qu’en ligne. www.guidesulysse.com
Un commentaire sur “Mauricie: Une retraite au fond du bois !”