Située dans la vallée du Rhin (env. 40 km de Francfort), Wiesbaden a été fondée par les Romains qui y avaient découvert, un peu par hasard, ses nombreuses sources thermales, qui avaient permis à leurs soldats et chevaux blessés de récupérer étrangement vite… Depuis, le destin de Wiesbaden (qui veut dire « bains dans les prairies ») a donc littéralement jailli de son sous-sol, où coulent encore 26 sources d’eau chaudes, auxquelles on associe de nombreuses propriétés bienfaitrices, pour le corps et la peau. Grâce à elles, les ducs de Nassau y installent leur nouveau siège (dès 1806), en y faisant construire des rues, des parcs et des quartiers des plus élégants, qui deviendront rapidement le rendez-vous de toute la noblesse européenne et des « millionnaires » de l’époque. À la fin du 19ème siècle et jusqu’à l’aube de la première guerre mondiale, Wiesbaden deviendra l’une des villes thermales les plus en vogue au monde….
Bien sûr, les deux conflits mondiaux ont mis fin à son âge d’or mais, heureusement, Wiesbaden a été épargnée par les bombardements alliés en 1945 ; ce qui lui a permis de conserver sa vieille ville et plusieurs atouts de sa Belle Époque. De quoi replonger dans cette ambiance avec plaisir : des sources thermales jusqu’aux bulles rafraîchissantes des vins du Rheingau !
A la belle fontaine !
Wiesbaden est souvent surnommée la « Nice du nord », à cause de son climat assez clément, qui lui vient de la vallée du Rhin. Chose certaine, cette ville émerge littéralement des eaux… D’ailleurs, au centre de la ville, la fontaine Kochbrünnen déverse chaque jour des milliers de litres d’eau chaude, qui émanent d’une source intarissable. De nombreux curieux s’arrêtent pour la toucher, la sentir et même, pour la goûter, puisque cette eau, dit-on, possède de nombreuses vertus curatives. Son eau chaude (à 66 degrés Celsius) dépose notamment du fer autour de la vasque (d’où les concrétions rougeâtres). Aujourd’hui, cette fontaine est véritablement un symbole de Wiesbaden, et une curiosité qui mérite le détour !
L’art des bains :
Pour aller expérimenter ces fameuses sources, rien de tel que le Kaiser Friedrich Bad, qui est entièrement décoré dans le style art déco… Déjà, les fresques du hall d’entrée donnent le ton. Mais la majorité des salles sont aussi décorées de faïences sur les murs, sans parler des colonnes autour des piscines, des puits de lumière au-dessus des bassins et une foule d’autres détails qui donnent à l’ensemble une belle uniformité et une certaine élégance.
Par contre, il faut être prêt à laisser sa pudeur au vestiaire ! Car, à l’instar de nombreux autres spas en Allemagne, ces bains sont mixtes (sauf un matin réservé aux femmes) et le maillot de bain y est… interdit ! Heureusement, on peut y louer des serviettes ou peignoirs pour circuler dans les couloirs. Mais pour entrer dans les saunas ou les bains… on se retrouve nus comme un ver ! Au début, j’étais tellement gênée que je me cachais presque dans les pièces inoccupées ! J’étais la seule à me promener avec une serviette, je détonais dans le paysage… Et d’ailleurs, je crois que les autres me regardaient davantage pour cela que pour autre chose ! Donc, à force de voir ces corps de toutes les sortes (et surtout assez âgés) et constatant à quel point les Allemands semblaient à l’aise (et pas voyeurs), j’ai fini par laisser tomber la serviette… et mes scrupules. Et j’ai enfin eu l’audace d’entrer dans quelques-uns des bassins chauds, dans les saunas, puis les salles de repos tièdes ou fraîches (surtout celle avec les lumières bleutées, très relaxant !). Par contre, je n’ai pas réussi à plonger complètement dans la piscine centrale (très froide) ; me contentant surtout des douches et des jets Kneipp, très rafraîchissants. J’ai aussi eu la chance de me faire masser et le thérapeute s’est montré très efficace, y allant de pressions très fortes et toniques ! Mais ils proposent aussi des enveloppements de boue et des séances de détente dans le sable (que j’essaierai une prochaine fois !) Chose certaine, je me suis régalée de leur limonade maison (au petit bistrot au centre) et j’ai beaucoup apprécié la grande discrétion des employés, l’ambiance de respect et le silence qui y règne. Cà reste une expérience un peu gênante au début, mais justement, on en ressort aussi fiers de soi… et plus détendus, bien sûr ! (Landgasse 38-42)
Cap sur la montagne et l’Église russe :
Oui, ce petit train est exactement le genre d’attrait touristique dont on rigole, parfois… Mais, à Wiesbaden, il demeure l’un des meilleurs moyens de découvrir le quartier autour de la montagne, où l’on peut encore apercevoir des dizaines de villas de la Belle Époque, qui mélangent les influences classiques, renaissance et baroque. Le train nous mène aussi au départ du funiculaire Nerogard, qui mène vers le sommet de la montagne. Une véritable curiosité, puisqu’il fonctionne encore avec son système hydraulique d’origine… On profite de belles vues sur la ville pendant toute la montée, ainsi qu’au belvédère et au restaurant, là haut.
Ensuite, on peut aisément rejoindre à pied l’Église russe, dont on voit émerger les cinq bulbes dorés, entre les arbres. A l’époque, un des ducs de Nassau (Adolphe) avait épousé une jeune duchesse russe (Elisabeth), qui mourut à 19 ans. C’est pour elle qu’il fit construire cette église, qui abrite maintenant son tombeau.
Pauses gourmandes, dans la vieille ville :
Il faut aussi se promener dans les rues piétonnes de la vieille ville, qui rayonnent autour de la Place du château. D’un côté, l’ancien hôtel de ville (plus vieil édifice de la ville) et de l’autre, le nouvel Hôtel de ville (de style Renaissance allemande) et l’Église du marché (de briques rouge). Les mercredis et samedis matin, cette place accueille aussi le marché : une belle occasion de goûter des bretzels, des beignets, des saucisses ou autres produits de la région.
Quelques pas sur la rue du Marché (Markstrase) et on rejoint le Café Maldaner : un café viennois qui sert de copieux déjeuners allemands (charcuteries, fromages, pains de grain, œufs à la coque, croissants). Il est aussi reconnu pour ses pâtisseries, notamment le gâteau Maldaner, fait avec de la ganache au chocolat et du brandy ! http://maldaner1859.de/
« La Rue » :
Eh! Oui, c’est ainsi, et en français, qu’on surnomme l’élégante avenue Wilhemstrase : bordée par plusieurs boutiques chics, des villas et une longue enfilade de platanes. En la longeant, on rejoint aussi le parc Warmer Damm, qui mène jusqu’au Théâtre national. Une statue de Schiller domine l’ancienne entrée de l’empereur, dotée d’une rampe d’honneur pour les chevaux. En contournant le théâtre, on retrouve sa véritable entrée, dissimulée sous une longue colonnade couverte.
Et juste devant, la longue allée verte (surnommée le « Bowling Green ») se termine au pied de l’imposant Kürhaus, construit en 1907. Contrairement à ce que son nom suggère, il n’a jamais abrité les soins mais plutôt le casino. D’ailleurs, entrez voir l’intérieur (dont ses plafonds et ses fresques) qui a été complètement restauré en 1987, conformément à l’original). On peut aussi prendre un verre ou un repas au Lambertus (style brasserie parisienne) ou se promener dans les jardins derrière. Un buste de l’auteur russe Dostoïevski rappelle ses déboires au Casino ; ce qui lui aurait d’ailleurs inspiré son roman « Le Joueur ».
Musée de Wiesbaden :
Le Musée de Wiesbaden, lui aussi, nous ramène complètement dans l’ambiance Belle Époque, grâce à sa nouvelle exposition sur l’Art nouveau. Cette collection appartenait au riche industriel Ferdinand Wolfgang Ness, qui l’a cédée à Wiesbaden en 2017. Et quelle chance ! Car elle nous permet d’admirer plusieurs objets de grande valeur – des meubles, des lampes de verre, des peintures, des céramiques, de l’argent, etc. – représentatifs de l’art nouveau et du symbolisme. Ce musée renferme aussi une collection de sciences naturelles et des peintures de l’artiste Jawlensky. https://museum-wiesbaden.de/
Terminer avec des bulles :
Pour passer des bains aux bulles, il suffit d’aller visiter l’entreprise Henkell & Trocken, qui est aujourd’hui l’un des plus grands producteurs de vins mousseux au monde. L’entreprise a débuté à Wiesbaden (avec les vins mousseux Henkell) mais a fait l’acquisition d’autres producteurs italiens, espagnols et français, au fil des années. La visite nous emmène dans l’usine moderne et dans les caves, où se trouve une belle collection d’anciens tonneaux de bois. Et, bien sûr, on termine en dégustant quelques-uns de leurs produits vedettes. (Biebricher Allee 142, www.henkell-freixenet.com/de )
A voir aussi, au passage : le Palais Biebrich, situé sur les rives du Rhin. Après avoir été la résidence principale des princes et ducs de Nassau (jusqu’en 1841), ce palais est maintenant utilisé pour des événements spéciaux et reconnu pour ses jardins à l’anglaise, notamment.
Informations pratiques :
Se rendre : Lufthansa propose de nombreux vols hebdomadaires vers Francfort et Munich. Des trains rapides (S8 ou S9) relient l’aéroport de Francfort à Wiesbaden en 40 minutes. Il y a aussi de nombreux trains entre Wiesbaden et Baden Baden, via Manheim (env. 2h). http://www.lufthansa.com
Hébergement : Hôtel Mercure à Wiesbaden. Un hôtel moderne et stylisé, situé à deux pas de la vieille ville. (10-12 Banhofstrasse)
Autres suggestions gourmandes:
Bar à vin: Balthasar Ress Weinbar & Vinothek (10, Mauergasse).
La Chocolaterie Kunder : pour leurs tartes aux ananas et leurs pralines. (12 Wilhemstrase.) www.kunder-confiserie.de
Uhrturm: un bon restaurant traditionnel allemand, pour goûter les escalopes de porc, poulet ou veau. (15, Markstrase)
A voir aussi : Le Monastère Eberbach (un peu à l’extérieur) et le cinéma de répertoire Cagliari (juste à côté de l’Office de tourisme)
Événements à surveiller : Outre les marchés hebdomadaires (mercredis et samedis), la Place du marché accueille aussi les marchés de Noël et un important festival du vin (pendant 10 jours, en août).
Informations supplémentaires: www.wiesbaden.de, www.rheingau.com, www.germany.travel
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