La Géorgie: Foi et fêtes, au coeur du Caucase

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L’an dernier, ce petit pays au cœur du Caucase figurait sur les palmarès du Lonely Planet et du National Geographic, parmi les destinations à découvrir… au plus vite !  Situé sur l’ancienne Route de la Soie (entre la Russie et l’Arménie), la Géorgie est fière d’avoir toujours été à cheval entre l’Europe et l’Asie !  Et maintenant qu’elle est sortie de l’emprise soviétique (depuis 20 ans), elle réaffirme plus que jamais la richesse de son histoire, l’originalité de sa culture, de sa cuisine et de ses vins, qui ont même été reconnus au Patrimoine immatériel de l’Unesco. Entre ses monastères médiévaux, ses nouvelles stations de ski perchées dans le Caucase et sa capitale toute en contrastes, la Géorgie est un pays dont on entendra parler de plus en plus ! Voici quelques belles excursions potentielles à partir de Tbilissi, sa capitale.

Mtskheta : la ville sainte…

« Les montagnes et la chrétienté ont sauvé la Géorgie », disait notre guide, Poata. En effet, l’actuelle Géorgie (avec son voisin l’Arménie) a adopté le christianisme dès le 4ème siècle; dans son ancienne capitale Mtshketa (qui se prononce « tseta »). Après avoir été la capitale de l’ancien royaume d’Iberia, Mtskheta est devenue un important centre religieux chrétien, puis la capitale d’un empire, lors de l’âge d’or de la Géorgie (au 12ème siècle). D’ailleurs, Mtskheta est encore considérée comme une « ville sainte » en Géorgie. Plusieurs de ses bâtiments historiques sont reconnus par l’Unesco, dont le Monastère Jvari et la cathédrale Svetitskhoveti, chef d’œuvre du Moyen-Âge (construite au 11ème siècle). Une légende raconte que le roi Giorgi aurait ordonné qu’on coupe la main de son architecte (c’est un peu extrême, tout de même !), afin qu’il ne puisse plus en reconstruire une autre semblable… Chose certaine, c’est elle qui a accueilli tous les couronnements et les enterrements des rois, jusqu’au 19ème siècle. Et il faut l’admirer de bas en haut : des tombeaux au sol, en passant par les icônes et les vestiges des fresques médiévales, encore visibles sur certains murs. Tout çà au milieu des volutes de fumée qui émanent des autels. À la fois émouvant et impressionnant…

Monastère Jvari :

Aujourd’hui encore, la majorité des Géorgiens sont très pieux et pratiquants (80% orthodoxes). Ils sont très fiers de leurs nombreuses églises et monastères, dont celui-ci, qui remonte au 6ème siècle et qui serait parmi les mieux préservés. Jvari veut dire croix, d’où la forme qu’on retrouve à l’intérieur. Selon la légende, la religion chrétienne serait arrivée ici par l’intermédiaire d’une femme (Sainte Nino), qui n’avait que 14 ans. Elle est représentée sur une des icônes, avec une croix, nouée avec ses cheveux. En se promenant tout autour du monastère, on découvre une vue plongeante sur Mtskheta : lovée entre les deux rivières Mtkvari et Aragri, qui proviennent des montagnes du Caucase.

Gori : Voyage éclair en URSS… 

Voici une ville industrielle, où l’on trouve notamment une forteresse médiévale (accessible gratuitement). Mais le nom de Gori est surtout associé à celui de Joseph Staline, qui est né ici et y a vécu pendant 15 ans. A la blague, le guide disait que « visiter Gori, c’est comme faire un petit voyage éclair en Russie …» Mais je suis complètement d’accord avec lui ! En visitant le Musée Staline, surtout, j’avais régulièrement des « flashs » d’un voyage en Russie dans les années 80 : les gardiens en tenues sombres, les vieilles femmes qui surveillaient toutes les salles, les présentations austères et vieillottes, même la guide avec sa baguette… Donc, c’était aussi un voyage dans le temps, sur les traces d’un personnage très ambigu et controversé. Pour résumer, rappelons que Staline s’est d’abord battu pour les Géorgiens (au point d’être emprisonné en Sibérie), avant de devenir l’un des pères de la Révolution soviétique puis un dictateur notoire, qui a ultimement persécuté de nombreux artistes et intellectuels Géorgiens. « Ici, seuls les plus âgés vouent encore un certain culte à Staline », explique le guide. Mais le guides de ce musée en font partie, et ils nous parlent de lui avec une conviction… presqu’émouvante. Chose certaine, les nombreuses photos et documents d’époque nous le montrent au séminaire (assez beau bonhomme !) puis combattant dans les jeunesses révolutionnaires. Ensuite, on le découvre en homme marié et père de famille (sa dernière fille est morte à 85 ans, aux États-Unis !) Et, bien sûr, on le voit aussi devenir un des pères de la Révolution, héro soviétique pendant la Seconde guerre, puis tout le reste, jusqu’à ses funérailles sur la Place Rouge à Moscou, en 1953 (à 73 ans). Sa dernière visite à Gori ? Ce fût en 1926; ce qui fait dire à plusieurs qu’il avait oublié (voire même renié) sa Géorgie natale, depuis longtemps…

A cause de cela, la ville de Gori est régulièrement aux prises avec un débat public, autour de la vocation du musée. Certains souhaiteraient qu’on y honore la mémoire de Staline, alors que d’autres croient qu’il faudrait y dénoncer les abus du régime soviétique… Pour l’instant, c’est la première option qui prévaut : outre le bâtiment principal, on y retrouve aussi sa maison natale (modeste, en bois) et son wagon de train personnel, qu’il utilisait pendant ses déplacements. Quelle que soit notre opinion du personnage, le musée s’avère tout de même intéressant, pour ceux qui aiment l’histoire… Et surtout, il nous aide à comprendre beaucoup de choses sur les relations tendues entre la Géorgie et son voisin…

Cité troglodyte de Uplistsikhe:

Ce site serait l’une des plus vieilles preuves d’occupation humaine en Géorgie. Et, autre fait intéressant, ces nombreuses cavernes ont été façonnées de toutes pièces, pour en faire un centre religieux, d’abord et avant tout. D’ailleurs, Uplistsikhe veut dire « châteaux des dieux »; ce qui faisait surtout référence à des cérémonies païennes, puisqu’il connut son apogée entre le 6ème et le 4ème siècle avant Jésus-Christ (date de l’arrivée de la religion chrétienne ici). Des 700 grottes à l’origine, il en reste encore 150; ce qui est tout de même impressionnant…. Elles se déploient à flanc de falaise, certaines faisant penser à d’énormes champignons de pierre. Bien sûr, le guide nous montre les plus importantes (dont un ancien théâtre au plafond octogonal et la salle de la reine Tamar) qui ont souvent des murs couverts de fresques. Sur le sommet de la cité trône aussi une basilique du 10ème siècle qui, elle, n’est pas troglodytique. À son pied se trouve l’ancien temple païen où se pratiquaient probablement des sacrifices humains. Outre l’intérêt culturel et historique du site, il nous offre aussi de superbes vues sur la rivière Mktari (en contrebas) et le cirque de montagnes, en toile de fond.

Kakheti: les vins et l’art de la fête…

Située près de l’Azerbaidjan, la région de Kakheti est l’une des plus connues en Géorgie, à cause de ses nombreux vignobles… Selon David Lordkipanidze, directeur du Musée national de Géorgie, cette région serait même le berceau de la viticulture. « On y a trouvé des preuves qui remontent à 8000 ans; ce qui fait de la Géorgie le gardien de la plus vieille tradition viticole ininterrompue. »

Comme l’expliquait la guide, les vignerons géorgiens utilisent aussi un grand nombre de variétés de raisins, dont certaines (telles que rkatsiteli, mtsvane, and saperavi) qui sont uniques à ce terroir. De plus, ils ont une technique bien à eux : ils font macérer les raisins, avec la pulpe et les noyaux. Ils placent le tout dans des jarres d’argile, qu’ils laissent reposer pendant plusieurs mois, dans des caves souterraines (kveri). Croyez-moi, cette technique donne aux vins une couleur ambrée et des saveurs, complètement uniques. D’ailleurs, comme peu de gens sont habitués à de tels goûts, les Géorgiens ne produisent que 10% de leur production ainsi. Les autres vins sont produits avec les techniques européennes habituelles; ce qui fait qu’on retrouve aussi de nombreux vins blancs et rouges secs, fruités, etc.

Chose certaine, dans ce pays, le vin et la gastronomie occupent une grande importance et font l’objet de nombreux rituels associés à la fête et aux banquets; ce qu’on appelle globalement la « Supra », et qui a été reconnu au Patrimoine immatériel de l’Unesco.

Évidemment, toutes les excursions dans la région de Kakheti incluent la visite d’un ou deux vignobles (avec un repas sur place, parfois). La majorité font aussi escale à Sighnaghi : un des villages principaux et très charmant, puisqu’il s’étire le long d’une corniche, qui surplombe la vallée Alazani.

Autre arrêt commun (et vivement conseillé): le Couvent Bodbe. Encerclé de cyprès, il abrite notamment la petite église qui fût construite sur la tombe de Sainte Nino (par le roi Mirian), au 4ème siècle)

Voyez aussi mon sujet sur Tbilissi: https://nathaliedegrandmont.com/2019/04/26/georgie-tbilissi-la-nouvelle-star-du-caucase/

Informations pratiques :

S’y rendre : A partir du Canada, la meilleure façon de rejoindre la Géorgie est via une capitale européenne (via Paris ou Amsterdam, avec Air France-KLM) ou via Istanbul (avec Turkish Airlines).

Pour faire des excursions de Tbilissi : On trouve de nombreuses agences sur l’Avenue Rustaveli, qui proposent des excursions d’un jour (de 40 à 70$ Can. en moyenne) dans tous les endroits mentionnés ci-dessus.

Suggestions d’hébergement  à Tbilissi: The Rooms : 14 M. Kostava, www.roomshotels.com

Tbilisi Times Hotel : 75 Agmashenebeli Avenue, www.tbilisitimes.ge

Informations complémentaires : https://georgia.travel

 

 

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