Il y a la ville rose, Toulouse, et une centaine de kilomètres au nord-est, voilà qu’on découvre aussi la ville pourpre, Albi. Le soleil du Midi, les briques et les toits de tuiles donnent à Albi une couleur rosée et même, une petite allure toscane; tandis que ses charmants ponts enjambent le Tarn.
S’il avait vécu au Moyen-âge, le peintre Toulouse Lautrec aurait certainement fréquenté les rues du vieil Albi, notamment l’ancien quartier des « trottes garces » (près de l’actuel marché couvert). Au 14ème siècle, pendant le carême, le puissant évêque d’Albi ordonnait qu’on barricade les maisons de ces filles de joie; ce qui donna naissance à la célèbre expression « maisons closes ». Non loin de là, de belles maisons à colombages, de briques et de pierres, bordent encore la rue Mariès, l’ancienne voie royale. Et au milieu d’elles se remarquent également les superbes hôtels particuliers de la Renaissance, financés par « l’or bleu » des pasteliers.
Mais celle qu’on appelle « la ville pourpre » a surtout été marquée par ses évêques, comme en témoigne l’imposante cathédrale Sainte-Cécile. A l’époque, sa construction et ses allures de forteresse se voulaient une réaction directe aux croisades contre les Cathares. Chose certaine, on y a mis le paquet: en engageant les meilleurs artistes italiens de l’heure, qui ont recouvert tous ses murs de fresques et de statues, jusqu’au dernier centimètre ou presque !
Dès le Moyen-âge, grâce aux nombreuses taxes qu’ils imposaient sur les marchandises, les évêques d’Albi avaient acquis l’une des plus grandes richesses de France. Ils s’étaient donc emmurés dans leur propre cité fortifiée, en y faisant construire des palais, puis des résidences et des commerces destinés à leurs plus proches collaborateurs. Au fil des agrandissements successifs, cette cité épiscopale est devenue la plus grande d’Europe après celle d’Avignon; un patrimoine unique maintenant reconnu par l’Unesco.
Bien sûr, les évêques habitaient le plus beau palais d’entre tous, le Palais de la Berbie. Et ce palais est désormais consacré à un autre albigeois mondialement connu: Henri de Toulouse Lautrec. Grâce aux rénovations complétées en 2012, ce musée peut enfin mettre en valeur l’ensemble de ses collections, qui comprennent à la fois des oeuvres (dessins, peintures, affiches) et plusieurs objets et vêtements, ayant appartenu au peintre. Bien sûr, on y retrouvera les 31 affiches qui l’ont rendu célèbre, mais également plusieurs de ses oeuvres de jeunesse, peintes à 14, 16 ou 19 ans. Ces premières salles nous montrent la genèse de son talent, son handicap d’enfance, puis son abandon de la vie bourgeoise des Comtes de Toulouse Lautrec, au profit d’une vie nomade dans les maisons closes et les cabarets de Montmartre. Au fil des salles, on comprend de mieux en mieux son humour, son sens de l’autodérision et sa fascination pour la fête et les excès des années folles… Ironiquement, certaines de ses affiches les plus coquines se trouvent d’ailleurs à quelques mètres seulement des anciennes salles de l’Inquisition de l’évêque…. Derrière le musée, une terrasse surplombe les jardins du Palais, le Tarn, le Vieux pont et les anciens quartiers ouvriers, sur la rive voisine.
Voyez aussi mes sujets sur Toulouse et sur Cordes-sur-ciel: https://nathaliedegrandmont.com/2015/05/14/france-sur-la-trace-des-cathares/
https://nathaliedegrandmont.com/2015/04/28/france-10-preuves-de-loriginalite-toulousaine/
Informations pratiques:
S’y rendre : De mai à octobre, Air Transat effectue deux vols directs hebdomadaires entre Montréal et Toulouse. S’ajoutent aussi des forfaits ville à Toulouse (incluant vol, transferts et 7 nuits d’hébergement) et des circuits dans la région. http://www.transat.com
Suggestion d’hébergement : Mercure Albi: 41 bis rue Porta. Situé dans les anciens moulins, juste sur le bord du Tarn. Vue superbe de la terrasse et de certaines chambres. https://all.accor.com/
Adresse gourmande : Le Domaine d’Escausse de la famille Balaran, situé à Sainte-Croix, à 13km d’Albi. Pour déguster du bon Gaillac ! https://famillebalaran.com/
Informations supplémentaires: http://www.tourisme-tarn.com, https://www.tourisme-occitanie.com/
2 commentaires sur “Albi: Du pourpre au rouge passion…”