‘Elle est aussi grosse que mon téléphone’; ai-je hurlé, en apercevant cette tarentule (oui, géante !) qui s’était faufilée dans ma chambre à l’écolodge. Mais une fois cette frousse passée, j’ai découvert qu’il n’y a rien comme se perdre au fin fond de l’Amazonie colombienne pour surmonter ses peurs et reconnecter avec la nature. Des dauphins roses en passant par des rencontres inoubliables avec les communautés qui y vivent, voici 6 raisons de découvrir l’Amazonie colombienne :
1 – Cap sur l’Amazonie colombienne:
Après une heure et demie de vol au-dessus de la forêt vierge, nous voici en approche pour l’aéroport de Leticia, aux portes de l’Amazonie colombienne. Un petit coup d’œil à la carte le confirme : depuis Bogota, il n’y a que l’avion pour venir jusqu’ici, car l’autoroute la plus près se trouve à 800 kilomètres… Presque cachée dans le coin sud-est de la Colombie, Leticia borde l’Amazone, mais également la frontière du Pérou (le long du fleuve) et celle du Brésil, à quelques pas de la ville. Mon sac contient tous les vêtements et gadgets nécessaires pour affronter les conditions tropicales mais je me sens tout de même démunie pour affronter les moustiques, les insectes et tant d’autres créatures de ces forêts, qu’on dit aussi géantes que le fleuve lui-même…
Or, dès que notre bateau s’élance sur le fleuve, l’adrénaline prend vite le dessus… L’adrénaline et la joie de découvrir l’Amazone (un rêve de jeunesse !) Il est vrai que l’Amazone est l’un des plus longs fleuves du monde; un des plus larges également. Uniquement en Colombie, la partie amazonienne représente le tiers du pays. ‘C’est surtout un fleuve impétueux’, raconte le guide. ‘Il y a un tel courant qu’il est impossible d’y nager et l’eau a cette couleur brunâtre à cause de tous les sédiments que le courant remue sans relâche. Sans parler des nombreux troncs d’arbres et branches qu’on voit défiler à la surface… De plus, le niveau peut varier de plusieurs mètres d’une saison à l’autre. Lors de de la saison sèche (de septembre à novembre), le niveau du fleuve est si bas qu’on voit apparaître des bancs de sable et certaines îles, ici et là.’ D’ailleurs, ce jour-là, le bas niveau du fleuve nous force à faire escale dans le village voisin d’El Vergel, où il faut tout transborder dans quelques pirogues, afin que nos jeunes capitaines puissent zigzaguer à travers les hauts fonds, à l’aide d’une perche.
2 – L’écolodge Calanoa: un des meilleurs de l’Amazonie
Et soudain, comme il n’y a plus de moteur, les bruits de la forêt deviennent de plus en plus manifestes. Ça y est, il n’y a plus de doute : la ville – et ma zone de confort habituelle ! – sont loin derrière nous… Notre pirogue accoste et au bout d’une longue passerelle sur pilotis, nous attend l’Écolodge Calanoa, parmi les plus réputés de l’Amazonie colombienne et parmi les 20 meilleurs hôtels du monde, selon le magazine américain Conde Nast Traveller. Voisin du parc national d’Amacayacu, l’écolodge appartient à deux Canadiens – Diego et Marlene – qui l’ont développé en étroite collaboration avec la communauté voisine de Macagua. D’ailleurs, la majorité de leurs employés – et plusieurs des objets qui décorent les chambres – proviennent du village voisin, sans parler des poissons et des produits frais que les cuisinières nous préparent sur place, à tous les repas. Un régal !
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3 – Randonnée nocturne
L’Amazone étant presqu’au niveau de l’Équateur, la nuit y arrive tôt et rapidement. À peine le temps d’enfiler nos bottes de caoutchouc (fournies sur place) qu’il fait déjà nuit noire… Et les guides nous convient à notre première randonnée… nocturne ! ‘Vous verrez, c’est incroyable toute la vie qu’il y a dans cette forêt la nuit’, ajoute l’un d’eux. Avec les croassements de grenouilles et tous les bruits qu’on entend déjà, c’est impossible d’en douter… J’ai l’impression d’avoir d’énormes papillons (de nuit) dans le ventre et je prie pour que les batteries de ma lampe de poche tiennent jusqu’au bout… Mais, chaque fois que le guide s’arrête, je suis fascinée de découvrir les champignons phosphorescents, les grenouilles et oui, les nombreuses tarentules que le guide fait sortir de leurs cachettes, au pied des arbres. Elles ont des tailles et de longues pattes terrifiantes mais bizarrement, elles semblent aussi pétrifiées que moi et peu enclines à bouger… Heureusement, ce fut exactement le même scénario lors de mon tête-à-tête avec l’une d’elles, dans ma chambre. Rassurez-vous : le personnel de l’écolodge s’est empressé de venir la déloger, et j’ai tout de même réussi à dormir, non sans avoir d’abord vérifié mon lit et refermé la moustiquaire autour, vous vous en doutez bien…
4 – Les arbres qui marchent… et une nature hors de l’ordinaire :
Le lendemain matin, le son d’une goutte d’eau géante me tire du sommeil. Étrange… puisque les rayons du soleil plombent déjà sur l’Amazone. Mais ce sont des oiseaux noirs (les arraujos) qui émettent ce drôle de son, dans l’arbre d’en face. Et comme une bande de singes-écureuils s’amuse aussi à bondir d’un arbre à l’autre, pouvais-je rêver d’un réveille-matin plus original et efficace ?
Après un petit-déjeuner tonique (fruits tropicaux et galettes de maïs), nous retrouvons nos barques et nos capitaines de la veille, pour aller explorer une forêt primaire, de l’autre côté du fleuve (en territoire péruvien). Heureusement, nos guides confirment que ce n’est plus la saison des moustiques (un soulagement pour nous !). Mais, aussitôt arrivés dans la forêt, comme on s’y sent petits et vulnérables ! La végétation y est tellement dense que nos guides doivent sans cesse dégager le sentier avec leur machette. À chaque pas ou presque, il faut enjamber des ronces surélevées ou contourner de grandes lianes transversales. La hauteur des arbres et la densité de la végétation défient l’imagination, tout comme le niveau d’humidité, qui fait perler des gouttes de sueur en permanence…
Ayant l’air du Petit Poucet à côté d’eux, le guide nous montre ces fameux ‘arbres qui marchent’, qui génèrent sans cesse de nouvelles ramifications de façon latérale (d’où leur surnom). Et c’est impressionnant de voir ces colosses étouffer et asphyxier leurs voisins au passage, tandis que d’autres étendent même leurs racines au-delà des rivières. De quoi se sentir très humble et petit, tout à coup !
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5 – Rencontres avec les communautés :
Le lendemain, après avoir pris le petit déjeuner et partagé quelques-unes de nos bananes avec les singes, nous prenons le bateau pour rejoindre le village voisin d’El Vergel, où habite la communauté des Tijuanas, auxquels la fondation Calanoa fournit des uniformes et du matériel scolaire, entre autres. Ce matin-là, plusieurs enfants du village sont rassemblés sous la hutte commune, pour nous présenter un aperçu d’une cérémonie très importante pour eux : la Cérémonie de la vie, qui célèbre les premières menstruations des jeunes filles et leur passage à l’âge adulte.
Quelques heures plus tard, nous partons à la rencontre de nos voisins immédiats, la communauté de Mocagua. Rosa, l’une des aînées du village, nous guide à travers la forêt, en s’arrêtant pour nous montrer une plante médicinale, un arbre utilisé pour créer des teintures, sans oublier ces petits fruits jaunes, un peu amers, qu’on a tellement aimé dans nos jus le matin-même… Sur les rives du fleuve, elle nous montre aussi leurs précieux potagers, la boutique d’artisanat du village et l’école primaire, où j’ai le plaisir de bavarder (en espagnol) avec quelques fillettes.
Et, manifestement, elles sont très fières de montrer quelques-unes des nombreuses murales peintes sur les maisons du village. ‘C’est un projet spécial initié par l’écolodge’, nous explique Rosa, afin que les habitants du village puissent transmettre leurs traditions et les mettre en valeur. Et leur centre culturel en est le meilleur exemple, puisqu’il est couvert d’une murale magistrale. Et, justement, cette murale aussi représente la cérémonie de la vie que nous avons vue dans le village voisin, le matin-même. D’ici quelques années, ce sont les fillettes avec lesquelles je bavarde qui passeront à l’âge adulte.
6 – Admirer les dauphins roses :
Chaque fois que nous partons naviguer sur l’Amazone, nous avons aussi l’agréable surprise de croiser des dauphins gris, manifestement curieux et excités de nager dans les sillons du bateau. Mais, après quelques jours passés ici, l’heure est maintenant venue de partir à la recherche des fameux dauphins roses de l’Amazone : une race très ancienne, qui ne vit qu’ici. ‘Ce sont des dauphins qui naissent noirs et deviennent roses à l’âge adulte’, explique le guide. ‘Par contre, ils sont plus difficiles à repérer, car ils n’ont pas de nageoires comme les autres dauphins et ils ne sortent qu’en fin de journée.’ Qu’à cela ne tienne, nous sommes fin prêts, caméras en main et l’œil fixé sur les flots… Or, surprise : les premiers dauphins roses arrivent presqu’aussitôt. Mais, en effet, leurs apparitions à la surface sont très furtives et presqu’impossibles à prévoir. On parvient à distinguer leurs flancs rosés… mais le temps d’un éclair. Trop bref pour être photographié ! On les aura vus, et c’est déjà beaucoup ! Et soudain, voilà que ces discrètes stars de l’Amazone nous offrent un dernier tour de piste magistral, revenant valser à plusieurs au ras des flots, au moment où le ciel et le fleuve se teintent de roses et de mauves spectaculaires, eux aussi. Quelle apothéose !
Malgré le haut taux d’humidité et l’averse qui nous a complètement trempé entre temps, je me sens en paix, reconnaissante et vivante comme jamais… Quoi, pourrais-je avoir trouvé ici une nouvelle (ama) zone de confort ? Peut-être pas à ce point… il me resterait encore quelques éléments (dont certains insectes) à apprivoiser, je crois. Mais ce soir-là, à quelques heures de notre départ, je sais déjà que la nature hors-normes de l’Amazonie et cette sensation d’être au bout du monde (ou presque) vont beaucoup me manquer !
Carnet de route:
Pour s’y rendre : à partir de Bogota, des vols régionaux desservent l’aéroport de Leticia, la ville-étape d’où partent les bateaux pour rejoindre les différents écolodges. D’ailleurs, il est préférable d’organiser notre transfert avec ces derniers.
Quand y aller ? De septembre à novembre, lorsque les niveaux plus bas de l’eau offrent de meilleures conditions pour les randonnées. Par contre, la saison des pluies (de mars à mai) peut être plus propice pour l’observation de certains animaux.
Quoi apporter ? De l’anti-moustique, une lampe de poche et plusieurs batteries. Idem pour sa caméra.
L’Écolodge Calanoa : Les séjours incluent les nuitées, tous les repas et un minimum de 2 activités par jour (ex : sortie nocturne, randonnées à pied ou en kayak dans la jungle, visites de communautés, observation des dauphins roses. Possibilité d’organiser aussi des transferts à partir de l’aéroport ou de Leticia.



















